Voici donc l’histoire de Guignol et de son créateur Laurent Mourguet.
Comment devient – on marionnettiste après avoir été « arracheur de dents ».
Laurent Mourguet naît en 1769 dans une famille de canuts (traduisez : les ouvriers de la soie lyonnaise).Tout naturellement, il apprend le tissage de la soie. Comme beaucoup de canuts, il est atteint par le déclin de la soie lyonnaise pendant et après la Révolution. Il devient alors marchand ambulant et parcourt ainsi les foires et les marchés. Puis il se fixe à Lyon dans le quartier Saint Paul et devient arracheur de dents. Afin d’attirer des clients et de divertir ces malheureux patients, il invente des histoires qui font rire. C’est ainsi qu’il monte un spectacle de marionnettes et utilise les personnages de la Comedia del’Arte comme Polichinelle ou Pantalon.
Guignol n’est pas à l’origine un spectacle pour amuser les enfants.
Le texte est improvisé au gré de l’actualité et selon l’humeur du moment. Ses histoires ne sont pas vraiment drôles. Ce sont des satires sociales. Son personnage est contestataire, impertinent, gouailleur. Il parle le patois lyonnais des petites gens.
Fort d’un certain succès, en 1804, Laurent Mourguet devient marionnettiste professionnel. Quelques années plus tard,il donne à sa marionnette le nom de Guignol. Ce mot vient du verbe « guigner » qui signifie « regarder subrepticement ». Effectivement son personnage jette souvent des regards rapides autour de lui. Laurent Mourguet est accompagné de son ami « Le Père Thomas ». Celui – ci lui inspire le personnage de Gnafron, dont le parler lyonnais et le goût pour le Beaujolais font toujours rire petits et grands. Viendra plus tard le personnage de Madelon, la femme de Guignol. Les décors de son petit théâtre, ou castelet, sont ceux de plusieurs quartiers de Lyon.
Le public s’élargit
Avec deux de ses enfants (il en eut dix), Laurent Mourguet continue les spectacles dans tout le Lyonnais.. IL attire de plus en plus de personnes car ceux – ci se retrouvent dans les « petites gens » qu’il dépeint tout en critiquant les « exploiteurs ».
Guignol est joué également dans les cafés – théâtres. Le « verbe » devient alors plus civilisé. Un nouveau public, la bourgeoisie lyonnaise, commence à apprécier Guignol.
Laurent Mourguet ne savait ni lire ni écrire et pourtant certaines pièces sont parvenues jusqu’à nous.
Après la mort de son créateur en 1844, Guignol ne disparaît pas. Il continue de faire rire grâce à ses enfants qui deviennent « guignolistes ». Pierre Rousset fait également des spectacles entre 1872 et 1875 au Petit Passage de l’Argue.
Certaines de ses pièces sont parvenues jusqu’à nous grâce à un magistrat, Jean – Baptiste Onofrio qui publie en 1865 un recueil de vingt pièces intitulé « Le théâtre lyonnais de Guignol ».
Guignol est immortel et indissociable de la ville de Lyon.
La célébration à Lyon du centenaire de la marionnette, en 1908, est un succès national.
Une sculpture de Laurent Mourguet est inaugurée en 1912. Son buste est représenté avec sa marionnette à gaine, Guignol. Vous pouvez voir cette statue avenue du Doyenné à Lyon dans le cinquième arrondissement.
La « Société des amis de Guignol » est créée en 1913. Elle devient en 1947 la « Société des amis de Lyon et de Guignol ».
Le théâtre du Petit Bouif jusqu’en 1990 participe à la continuité de Guignol.
Plus de deux siècles après sa création, Guignol continue de nous faire rire.
Rendez – vous au Théâtre La Maison de Guignol dans le Vieux Lyon. En journée les spectacles s’adressent aux enfants accompagnés, le soir aux adultes.
Guignol a aussi d’autres adresses à Lyon:
Guignol, Un Gone de Lyon, Boulevard des Canuts, salle La Ficelle.
Le Véritable Théâtre Guignol du Parc de la Tête d’Or
Bien que toujours vivant, Guignol a son musée
Le musée de Guignol de Brindas, ouvert en 2008, est dédié au personnage de Guignol. On y trouve les marionnettes, des accessoires et des documents du théâtre « Le Petit Bouif ».
Le musée Gadagne possède également une collection importante de marionnettes. Les divers personnages du théâtre de Guignol sont étroitement liés à l’histoire de Lyon.
A bientôt les Amis!